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Gériatrie
1 Généralités sur la spécifi cité de la gériatrie
La gérontologie et la gériatrie sont deux disciplines complémentaires qui ont en commun la
connaissance du vieillissement humain et visent à promouvoir un vieillissement réussi.
Toutes deux sont spécialisées dans l’étude de la vieillesse.
Défi nitions
• La vieillesse: c’est la période de vie qui succède à la maturité et qui est caractérisée par l’a ai-
blissement des fonctions physiologies, des facultés mentales de la personne.
• La gérontologie: c’est l’étude de la vieillesse et du vieillissement, elle regroupe l’ensemble des
disciplines qui intéressent le vieillissement. Ainsi on retrouve la sociologie, la psychologie,
l’anthropologie, la biologie, la démographie, etc.
• La gériatrie: c’est la médecine de la vieillesse, elle s’intéresse plus particulièrement aux
pathologies induites par l’a aiblissement des fonctions vitales de lêtre humain.
• La sénescence: c’est l’ensemble des phénomènes physiologiques liés au vieillissement.
• La sénilité: c’est l’état pathologique et régressif caractéristique résultant de la sénescence.
Objectifs
Les objectifs de la gériatrie visent plus spéci quement la guérison des maladies, le maintien
d’une qualité de vie optimale pour les personnes sou rant de pathologies chroniques et/ou
invalidantes.
Cette démarche implique de considérer le mode de vie de la personne malade, le soutien
qu’elle peut avoir de son entourage, en appréciant les capacités, les disponibilités et les limites
physiques, psychologiques et culturelles des aidants éventuels.
Ainsi, l’approche de la personne âgée est centrée sur l’organisation d’un réseau, où interagis-
sent de nombreux acteurs, a n d’avoir une vision globale de la personne, en tenant compte de
sa situation sociale et de ses aspirations.
La gérontologie: le vieillissement de la population et les perspectives de l’accroissement de la
longévité nous amènent à prendre en charge de nombreuses personnes âgées et donc à prévenir
les aléas inhérents à la sénescence et à en limiter les conséquences par des mesures d’hygiène de
vie, de maintien de vie sociale, d’aménagement, voire de changement d’habitat en temps utile.
2 Démographie et place de la personne âgée
dans la société
Situation démographique
La situation démographique et la place de la personne âgée dans la société française présen-
tent des disparités. On observe des écarts signi catifs: géographiques et par tranches d’âge.
a.Situation en France
Écarts géographiques
Certaines régions vieillissent plus que d’autres. La coupure géographique entre le Nord et le
Sud de la France, entre les régions qui attirent les actifs et celles qui attirent les retraités, est
particulièrement marquée dans ce domaine.
2
A
B
A
3
239
Écarts en fonction du sexe
À partir de 75ans, les deux tiers de la popu-
lation sont des femmes.
Au- dessus de 85 ans, la proportion de
femmes dépasse les trois quarts.
On compte cinq fois plus de veuves que de
veufs parmi les 60ans et plus.
b.Situation dans l’Union européenne
Dans l’ensemble des pays de l’Union euro-
péenne, environ une personne sur cinq est
âgée de plus de 60 ans. Cela sexplique par
la réduction de la natalité et l’augmentation
de l’espérance de vie, notamment du fait des
régimes de protection sociale en vigueur dans
ces pays.
En Europe, les jeunes seront de moins en
moins nombreux dans les années à venir car
la natalité est faible. En 2020, les personnes âgées seront deux fois plus nombreuses que les
jeunes de moins de 15ans, alors que la population restera pratiquement inchangée (cf. Fig.3.7).
Mode de vie de la personne âgée
Le mode de vie de la personne âgée présente des caractéristiques particulières.
a.Choix du logement
Lâge de la retraite est souvent propice aux changements de domicile, en ce qui concerne prin-
cipalement les classes d’âge de 60 à 69ans.
En France, la proportion de logements sans confort est plus élevée chez les personnes âgées.
Elles habitent le plus souvent des logements anciens petits et mal agencés.
Les contrastes entre régions sont importants: les logements sans confort sont plus nom-
breux au nord de la Loire qu’au sud.
b.Choix du mode de vie
Vie familiale
La grande majorité des personnes âgées garde des liens forts avec leur famille. Selon les statis-
tiques, près de 50 % d’entre elles rendent des services à leurs enfants et à leurs petits- enfants
(que ce soit en termes d’argent ou de service).
Vie au domicile
La majorité des personnes vivent chez elles quel que soit leur âge. En France, un quart des
personnes de 60ans vivent seules dans un logement. Avec l’âge, elles sont de plus en plus nom-
breuses (+40 % au- delà de 75ans).
Vie en institution
En France, la part des personnes âgées en institution varie en fonction de l’importance des
équipements qui leur sont destinés. C’est dans la région Rhône- Alpes qu’elle est la plus élevée.
Ces écarts sont également liés à des traditions sociales, à la place de la personne âgée dans
l’organisation familiale.
c.Consommation
Ce sont les personnes âgées qui dépensent le plus pour l’alimentation, l’habitation et la santé.
On note également un intérêt marqué pour les « voyages ». Cette population devient une cible
pour les publicitaires. Nombre de prestataires o rent des avantages pour les attirer (tarifs pré-
férentiels sur les transports, séjours de courte durée…).
Fig.3.7 Évolution de la population en Europe.
35
19
14
11
23
30
25
20
15
10
5
0
1989 2020
inf. à 15 ans sup. à 65 ans
% de la population
B
2. GÉRIATRIE
MODULE 3 - SOINS
240
Sondage sur les vacances des personnes âgées
Restent en France: 84 %
Vont à l’hôtel: 21 %
Font une location: 10 %
Toutefois, n’oublions pas que nombreuses sont les personnes âgées qui ne peuvent partir en
vacances en raison de leurs petits revenus, et que certaines ont même du mal à survivre.
d.Ressources
Elles sont principalement constituées par les pensions et l’aide au logement.
Pensions
Le montant des pensions de retraite ne consti-
tue qu’une part des revenus des personnes
âgées. On constate de grandes disparités dans
le montant des pensions et pensions de réver-
sion.
Aide au logement
Les pouvoirs publics aident par des mesures
précises les personnes âgées ayant de faibles
ressources. Citons ci- après les trois alloca-
tions pour le logement.
LAllocation de logement social (ALS)
Elle sadresse aux personnes de plus de
60ans. Financée par l’État, elle est accor-
dée aux personnes locataires d’un loge-
ment ou occupant à titre payant, ou ayant
emprunté de l’argent pour acheter un
logement ;
le montant de l’ALS est calculé en fonc-
tion du loyer payé, des ressources et de la
situation familiale.
L’Aide personnalisée au logement (APL)
LAPL est destinée aux personnes âgées
locataires d’un logement ou propriétaires
d’un logement occupé comme résidence
principale ou locataires d’un logement-
foyer dont lorganisme propriétaire et
l’organisme gestionnaire ont passé une
convention avec l’État ;
elle n’est pas cumulable avec l’allocation
logement. LAPL tient compte du niveau
des ressources et des charges du loge-
ment (emprunt, loyer).
LAllocation de logement di érentiel
(ALD): elle peut être attribuée en cas d’aug-
mentation de loyer à la suite dopérations
réglementées de restauration et de rénova-
tion.
Services à domicile
D’autres aides peuvent être attribuées aux
personnes âgées à faibles revenus. Citons- en
deux.
28,2Habitation (1)
16,7Alimentation
9,8Habillement
2,1Santé
19,1Transports
Culture, loisirs 10,3
Vacances 4,2
Divers 9,6
Total 100,0
38,7
26,3
8,1
10,1
2,2
3,4
2,0
9,2
100,0
Source : Insee, enquête Budget de famille.
(1) Lire ainsi : le budget habitation représente 28,2 %
du budget d’une personne seule de moins de 35 ans
et 38,7 % du budget d'une personne seule de
75 ans et plus.
Personne de moins
de 35 ans
Personne âgée
de 75 ans (ou plus)
Ce tableau montre que la part des postes
habitation, alimentation et santé augmente
avec l’âge. En revanche, les personnes de plus
de 75ans consacrent moins d’argent
aux transports, loisirs et vacances.
Fig. 3.8 Évolution des postes budgétaires avec
l’âge (pour une seule personne).
3
241
LAllocation personnalisée d’autonomie (APA)
Elle propose un plan heures d’aide à domicile par une auxiliaire de vie sociale et d’autres
services, tels que le portage des repas, la télé- alarme, l’achat d’un fauteuil roulant, d’un
lève- malade, etc.,
le montant de l’APA est évalué selon la dépendance des personnes âgées (grille AGIRR),
un justi catif des dépenses est demandé régulièrement aux personnes à qui a été attribuée
l’Allocation.
Laide ménagère
Elle est devenue une prestation légale d’aide sociale. La commission d’admission accepte
(ou rejette) la demande et  xe le nombre d’heures « d’aide à domicile » accordées,
l’aide ménagère est souvent couplée avec d’autres services, tels la livraison des repas à
domicile, le lavage du linge, les dépannages, etc.
Rôle de l’AS
L’AS doit signaler l’existence de ces aides complémentaires aux personnes âgées dont les res-
sources annuelles sont inférieures à un certain taux. Il doit indiquer aux personnes que la demande
doit être faite auprès des caisses de Sécurité sociale et dans les mairies, puis envoyée à la caisse
qui détient le dossier de retraite et que l’intérêt de ces aides est le maintien à domicile.
Mécanismes et pathologies du vieillissement
De façon générale, le vieillissement est un processus marqué par une diminution des capacités
fonctionnelles de l’organisme à s’adapter aux situations d’agression (stress, maladie, infection,
traumatisme…).
Certains chercheurs pensent que nous sommes programmés pour vieillir en raison de la
présence d’un gène du vieillissement qui pourrait empêcher les mécanismes de réparation.
Le vieillissement serait donc inscrit dans notre capital génétique.
Le processus de vieillissement est très hétérogène. Au sein d’une population, chaque indi-
vidu ne vieillit pas au même rythme, et le vieillissement des organes et des tissus d’un même
individu n’est pas homogène.
Voyons les diverses actions du vieillissement sur l’organisme.
a.Action sur le métabolisme
Mécanisme
Baisse de la sécrétion de certaines hormones (hormones sexuelles).
Apparition d’une insulino- résistance.
Carences en vitamines, oligo- éléments, protéines (surtout en cas de mauvais équilibre nutri-
tionnel).
Perte de poids par fonte musculaire (surtout si mauvais apport protéique).
Perte de la sensation de soif, etc.
Pathologies
Le diabète, dont le risque majeur est l’hypoglycémie, mais également l’apparition de com-
plications insidieuses, telles que laltération de la nutrition, l’apparition des complications
dégénératives (neurologiques et ophtalmiques) altèrent lautonomie de la personne.
La déshydratation: il s’agit d’une urgence car elle expose à des complications graves ; elle
est souvent due à un manque dapport d’eau en quantité su sante.
L’hypothyroïdie/l’hyperthyroïdie: elles se manifestent par des troubles fonctionnels et de
l’humeur.
b.Action sur le système immunitaire
Mécanisme
Il sagit d’une immunodé cience (ou dé cit immunitaire) pouvant être accrue par des
carences protéino- caloriques.
C
2. GÉRIATRIE
MODULE 3 - SOINS
242
Pathologies
Ce dé cit immunitaire explique la sensibilité des personnes âgées aux infections virales.
c.Action sur les organes des sens
Tous les organes sont touchés.
Mécanisme
Lœil: modi cation du tissu cutané et troubles fonctionnels:
perte d’élasticité des paupières modi ant la protection de l’œil,
sécheresse oculaire,
baisse de l’acuité visuelle.
Loreille: modi cations morphologiques et troubles fonctionnels.
La bouche: modi cations morphologiques et troubles fonctionnels:
atrophie et diminution du nombre des papilles gustatives, doù diminution de la percep-
tion des saveurs,
ralentissement de la sécrétion salivaire, d’où sécheresse buccale,
chute des dents,
trouble de la déglutition (dysphagie).
Le toucher: atrophie des terminaisons nerveuses modi ant la perception de:
la température,
la douleur.
Pathologies
L’œil
Cataracte sénile: opaci cation progressive du cristallin entraînant la cécité de la personne.
Le traitement est chirurgical.
Dégénérescence maculaire: lésions vasculaires autour de la rétine, conduisant à une baisse
de l’acuité visuelle pouvant aller jusqu’à la cécité.
Glaucome: augmentation de la pression intra- oculaire altérant le champ visuel.
Loreille
Presbyacousie: perception perturbée des sons aigus, la personne présente des di cultés
auditives dans un lieu bruyant. La personne âgée perçoit mieux la voix chuchotée que la voix
forte et a de la di culté pour suivre une conversation dans un groupe.
Acouphènes: sensations auditives anormales de types bourdonnements, si ements.
Vertiges: troubles de l’équilibre et sensations d’instabilité.
d.Action sur le système nerveux
Mécanisme
Disparition d’un certain nombre de neurones15.
Diminution de la réactivité.
Réduction modérée de la mémoire par rapport aux informations nouvelles.
• Modi cation du sommeil.
Pathologies
La dégénérescence du système nerveux entraîne des troubles neuropsychiatriques.
La démence: altération progressive et dé nitive des fonctions supérieures entraînant une
réduction des capacités intellectuelles associée à des troubles mnésiques (de mémoire).
La dépression: se manifeste par une diminution de l’intérêt des activités quotidiennes, des
troubles de l’humeur, un ralentissement psychomoteur. Elle est fréquente chez la personne
âgée.
Les troubles confusionnels: à dissocier de la démence, il sagit d’un état pathologique, sou-
vent transitoire, en réponse à une agression physique ou psychologique de la personne. Le
traitement de la cause (métabolique, infectieuse…) permet le retour à la normale.
Les états délirants: La personne âgée est préoccupée par une idée sans fondement. Géné-
ralement, elle se sent persécutée ou menacée, c’est le délire de persécution. D’autres états
15. Chez les personnes âgées, le poids du cerveau peut diminuer de 7à 8 %.
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